Les Amis de la Terre-Togo, dans le cadre du projet Fonds pour la transition énergétique (ETF) 2023, a organisé le 30 mars 2023 à la salle de conférence de l’OCDI à Tokoin Césal, un atelier de formation sur la transition énergétique juste à l’endroit des communautés affectées par l’exploration du pétrolé au Togo à savoir, Boboloè Kopé, Gbetsogbé, Katanga et Dévikinmé. L’objectif général de l’atelier est d’informer et de sensibiliser le public sur les externalités négatives liées aux énergies fossiles, les différents enjeux liés aux énergies propres et renouvelables et les implications de la transition énergétique juste. D’une manière spécifique, l’atelier a pour objectifs de : - Conscientiser davantage les communautés affectées par l'exploration du pétrole offshore, les médias, et, par ricochet, le public, en général sur les impacts négatifs des énergies fossiles, sur les énergies renouvelables et sur la transition énergétique juste; - Créer un mouvement dédié à la promotion des énergies renouvelables, en incitant les décideurs à abandonner les énergies fossiles et en faveur de l’avènement de la transition énergétique juste au Togo. Après la cérémonie d’ouverture, les travaux ont débuté avec les témoignages des communautés affectées l’exploration du pétrole. Des témoignages axés surtout sur les effets du changement climatique dont l’érosion côtière. Le premier témoignage nous a été livré par Boboloè Komi en qualité de président du Comité Villageois de Développement (CVD). Il a dit qu’ils se sont déplacés 2 fois déjà depuis que la pression faite par la mer sur leur communauté a commencé. Selon l’orateur, il faut parcourir des kilomètres avant arriver dans leur village mais aujourd’hui, la mer a tout emporté. Il a ajouté que cela a commencé avec la construction du port autonome de Lomé et le phénomène a pris de l’ampleur avec la construction du nouveau quai de Lomé Conteneur Terminal (LCT). Le chef de Boboloèkopé, Togbui BOBOLOE Simon, a renchéri les propos de son prédécesseur en disant que les deux infrastructures majeures citées plus haut ont été comme une provocation adressée à la mer, ce qui a fait qu’elle est devenue plus violente que jamais. Quant au second témoignage, c’est, le secrétaire du CVD du village Dévikinmé qui a entretenu l’assistance sur les impacts des changements climatiques sur leur village. Il a d’entrée dit qu’ils vivent pratiquement les mêmes choses sur la côte et qu’ils ont perdu beaucoup de choses. Beaucoup de familles ont perdu leur maison et sont obligées d’habiter chez d’autres personnes. Il a ajouté que l’activité majeure de la zone est la pêche mais aujourd’hui cette activité est en veille à cause des infrastructures portuaires. Oser pêcher c’est signer son arrêt de mort parce que c’est devenu dangereux. Beaucoup de familles s’apprêtent encore à quitter le littoral abandonnant leurs biens derrière elles. Le dernier témoignage, c’est Gbétsogbé Komi, une des personnes ressources du village qui a rapporté que deux villages sont déjà engloutis incriminant ainsi les infrastructures portuaires qui, selon lui, ont provoqué l’avancée de la mer. Il a ajouté à ce tableau sombre les unités industrielles basées sur la côte. Le chef du village, ajoutant un peu d’eau au moulin de son prédécesseur, a ajouté qu’ils ont perdu assez de terres et le peu d’espace qui leur reste ne fait qu’accueillir des usines et que le village est pris en étau entre la mer et la nationale n°2. Il a pour finir dit qu’ils sont entre les mains de Les Amis de la Terre-Togo pour qu’elle vole à leur secours. Après les témoignages, deux communications ont suivi. La première portant sur la Transition énergétique juste : les raisons et comment y parvenir ? a été délivrée par monsieur ASSEM Ekué, chargé du projet Fonds pour la transition énergétique (ETF) à Les Amis de la Terre Togo. Les grandes lignes de sa présentation ont porté sur : § L’amplification des changements climatiques par l’exploitation du pétrole, du gaz et de la houille, § L’incapacité des ressources susmentionnées à satisfaire les besoins des générations futures ; § Les conséquences négatives de l’exploitation des énergies fossiles sur l’homme, son environnement et la biodiversité (cas du Nigéria et du Mozambique) ; § Les Gaz à effet de serre et leur contribution au réchauffement climatiques ; § La nécessité de quitter les énergies fossiles pour les renouvelables; § Les conclusions du dernier rapport du Groupes des Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) ; § La confirmation de puits pétroliers au Togo par le groupe pétrolier ENI selon plusieurs médias ; § La position de Les Amis de la Terre sur l’exploitation des énergies fossiles ; § La transition vers les systèmes à faible teneurs en carbone ; § L’Arrêt des subventions aux combustibles fossiles ; § Le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation La transition énergétique juste Quant à la deuxième communication, l’impératif d’une transition énergétique juste et le paradoxe de la batterie, c’est monsieur AMEGADZE Kokou Elorm, juriste environnementaliste de Les Amis de la Terre-Togo qui a entretenu les participants sur le sujet. Il a introduit le sujet en mettant en exergue l’urgence de quitter les énergies fossiles pour les renouvelables. Les points développés par l’orateur ont porté sur: Les conséquences directes et indirects des changements climatiques ; Le modèle actuel de développement qui amène l’humanité vers une perte ; Les raisons pour lesquelles la transition énergétique juste doit être un impératif ; Les enjeux majeurs qui fondent cet impératif ;(environnemental, sanitaire ; économique et sécuritaire) ; Les deux grands changements majeurs nécessaires pour engager la transition énergétique (réduire la consommation d’énergie et faire évoluer le mixte énergétique vers une prépondérance des énergies vertes); La nécessité de changer de comportement; La prolifération des véhicules électriques ; L’impact négatif de l’essor des véhicules électriques sur les communautés; Les mesures pour économiser l’énergie (Co-voiturage, les transports en commun et le partage de voiture). A la suite des deux communications, les travaux en carrefour ont été convertis en une séance de brainstorming pour recueillir les avis des participants sur les défis prioritaires pour aller réellement à une transition énergétique juste. Le brainstorming a abouti à la formulation des perspectives dont les plus pertinentes sont : § Abandon des énergies fossiles § Centrales solaires communautaires § Création de mouvement pour promouvoir les ER et la TEJ § Disposer de batteries durables ; § Développement de co-voiturage et du partage de véhicule ; § Minimiser la consommation d’énergie ; § Développer davantage les transports en commun ; § Plaidoyer pour faire baisser le prix du gaz domestique ; § Promouvoir le biogaz.
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